Je voudrais d’abord préciser que le projet SWEDD, le Projet d’Autonomisation des Femmes et du Dividende Démographique au Sahel , a effectivement démarré en Guinée il y a deux ans et six mois. Contrairement aux autres pays, nous avons accusé environ un an et six mois de retard. Aujourd’hui, nous sommes sur le terrain avec la délégation de la Banque mondiale, le principal bailleur, l’unité de gestion du projet, les ministères sectoriels et le Ministère du Plan et de la Coopération Internationale, à travers la Direction nationale de la population et du développement, dont j’ai l’honneur de présider le comité national de pilotage.

Le constat sur le terrain révèle un résultat prometteur, quasiment satisfaisant, voire très satisfaisant. Nous pensons que ces résultats permettent aujourd’hui à la Guinée de se positionner favorablement pour un SWEDD+. Vous savez, les femmes représentent plus de la moitié de la population guinéenne. Les rendre autonomes nous permet d’atteindre l’objectif du dividende démographique, qui signifie tout simplement rendre le plus grand nombre de la population autonome et fournir des efforts pour que le reste suive. Le projet, dans ses différentes composantes (santé, jeunesse et promotion féminine), a quasiment atteint ses objectifs. Aujourd’hui, nous avons rencontré des communautés qui se sont approprié les outils et dispositifs mis en place.

Dans la région de Kankan, nous avons rencontré des femmes mentors dans les clubs et les lieux sûrs, qui permettent aux filles non scolarisées ou déscolarisées de venir s’exprimer, échanger et acquérir des compétences de vie. Ces rencontres ont permis à la Banque mondiale, mais aussi à la partie guinéenne, de constater le niveau d’appropriation par les bénéficiaires.

Nous avons vu les dispositifs de lutte contre les violences basées sur le genre. Au regard du nombre de cas enregistrés et des informations fournies par les comités en charge de ce dialogue, nous pouvons nous réjouir que les violences basées sur le genre reculent dans cette région. Nous avons également rencontré des femmes dans les localités, qui ont exprimé leur satisfaction quant aux dispositifs mis en place, notamment les plateformes multifonctionnelles. Ces dernières réduisent leurs tâches quotidiennes et leur permettent d’acquérir des compétences supplémentaires pour confectionner ou transformer leurs productions agricoles.

Enfin, nous avons rencontré les clubs de maris et de futurs maris. En effet, pour rompre ou réduire les violences basées sur le genre, il est essentiel de sensibiliser les auteurs. Les hommes ont exprimé leurs préoccupations ainsi que les transformations qu’ils ont vécues. Ce projet a pour fil conducteur le changement de comportement, afin de réduire la pauvreté et promouvoir la prospérité. Nous sommes donc globalement satisfaits.

La Direction nationale de la population et du développement, qui est le bras technique du Ministère sur ce sujet, ainsi que l’unité de gestion du projet, ont réussi à rattraper, en six mois, le retard de deux ans accusé par rapport aux autres pays du SWEDD. La Guinée a atteint un niveau de réalisation qui peut valablement l’intégrer dans SWEDD+ et permettre l’extension du projet à l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, seules trois régions sont couvertes (Faranah, Labé et Kankan), mais les résultats obtenus devraient nous permettre d’être admis dans SWEDD+ et d’étendre ce projet aux cinq autres régions administratives.

Les acquis que nous avons constatés incluent, tout d’abord, l’appropriation par les populations. Les bénéficiaires comprennent les objectifs du projet SWEDD, axé sur l’autonomisation des femmes, qui représentent plus de la moitié de la population. Les acquis concernent également les envies et ambitions que les bénéficiaires se fixent pour leur autonomisation, notamment à travers des activités génératrices de revenus, des compétences et des formations professionnelles. Par ailleurs, nous avons constaté la mobilisation et la performance des ONG, qu’elles soient nationales ou internationales, qui ont atteint leurs indicateurs en un temps record.

Enfin, la collaboration et la communication efficaces entre les autorités administratives, les acteurs de terrain et les unités de gestion du projet ont permis d’obtenir des résultats très rapidement. Nous avons tiré des leçons, partagé des expériences et échangé de bonnes pratiques. Ces éléments, en collaboration avec la Banque mondiale, seront documentés en vue de SWEDD+. Nous espérons que la Banque, qui a exprimé sa satisfaction quant au rattrapage réalisé, sera sensible à l’admission de la Guinée à SWEDD+.

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